Appel à communications
Colloque
international
« L’artiste en revues. Fonctions, contributions et
interactions de l’artiste en mode périodique »
Lieu : Université
libre de Bruxelles
Dates : 28-30
octobre 2013
Deadline : 1er mars 2013
Cet appel à communication s’inscrit à la fois dans la continuité
des travaux du groupe de contact FNRS « Écrits d’artistes » et du
projet Pictoriana, ainsi que dans celle des recherches récentes qui ont mis en
évidence les interactions entre presse et littérature[1], mais aussi entre art et revues[2]. À la suite de ces travaux, ce colloque
interrogera les différentes modalités de collaborations d’artistes et leurs
réalisations concrètes dans une publication périodique. Sous le terme
d’« artiste », on prendra en compte peintres, sculpteurs, musiciens,
compositeurs, cinéastes, chorégraphes, danseurs… dont la majeure part de la
production ne relève pas du champ littéraire. Ce colloque transdisciplinaire
s’intéressera davantage à l’écrit et aux dispositifs qui l’encadrent dans la
mesure où les contributions des artistes par l’illustration ont déjà été
traitées (Stead et Védrine, 2008). Toute analyse mettant en jeu l’illustration
se devra donc d’être pensée en connexion avec son environnement textuel.
De même, si les écrits critiques d’artistes ont pu faire
l’objet d’analyses monographiques, force est de constater qu’une étude
systématique des différents types d’interventions d’artistes dans les
périodiques fait encore défaut, notamment en ce qui concerne le rôle des
artistes dans la gestion ou l’organisation d’un périodique[3]. Il s’agira d’interroger ces contributions
dans la diversité de leurs formes et modalités, afin, notamment, de mettre au
jour le rôle des revues et de la presse quotidienne dans la structuration de la
vie artistique ainsi que dans les trajectoires individuelles des artistes.
Les travaux se concentreront non seulement sur les contributions
écrites des artistes dans l'espace qui leur est traditionnellement imparti,
comme celui de la critique d'art, mais aussi, et de façon plus innovante, dans
tous les autres lieux d’action possibles (direction de revue, constitution du
réseau de la rédaction, critique littéraire, publicité, tribunes politiques,
enquêtes et tout type d’écriture journalistique). On envisagera en outre le
périodique comme un outil de promotion, mais aussi comme un lieu d'échange et
de rencontre avec le public, avec d'autres artistes, d'autres disciplines
artistiques, l’actualité et surtout, avec l'écriture.
Le présent appel invite à considérer ces interventions sur la
longue durée, de 1830 à nos jours, dans les publications périodiques, entendues
au sens large : revues artistiques et littéraires, mais aussi journaux et
revues généralistes, « petite presse » et magazines (pour la seconde
partie du XXe siècle). L’aspect contemporain n’est pas à négliger, si l’on
songe, par exemple, au débat médiatique suscité en 2011 par Jean Birnbaum,
quand il a pris la direction du Monde des Livres, et y a accueilli les
critiques littéraires du chorégraphe Jean-Claude Galotta et, en 2012, du
chanteur Dominique A et des comédiens Denis Podalydes et François Morel.
Une attention particulière sera portée aux différences d’enjeux
entre publications périodiques selon qu’elles relèvent du pôle de production
restreint (petites revues d’art ou de littérature) ou de celui de la grande
production (presse).
In fine, il s'agira de rendre
compte de l'usage des périodiques comme d'une porte ouverte sur le monde,
c’est-à-dire comme espace de confrontations et d’influences multiples, en
tâchant de placer cette expérience en perspective avec l'œuvre artistique.
L’analyse d’échanges formels et thématiques entre cette dernière et le
dispositif périodique en constituera un volet essentiel.
Organisé à l’Université libre de Bruxelles du 28 au 30 octobre
2013, ce colloque prend donc pour hypothèse que les publications périodiques
constituent le lieu d’un investissement non marginal et que leur étude
enrichira la compréhension de leurs œuvres et du champ culturel dans sa
globalité à partir de l’âge de la « civilisation du journal »
(Kalifa, Régnier, Thérenty et Vaillant, 2011).
Axes privilégiés :
- Étude d’un corpus périodique :
Nous sollicitons des communications qui éclaireraient, sur la
longue durée, les collaborations méconnues d’artistes dans une publication
périodique généraliste qui relève du pôle de grande diffusion (exemple de liste
non exhaustive : Punch, Gil Blas, Le petit
Journal, ou pour le XXe siècle :The New Yorker, L’Humanité, Vogue…).
Cet aspect, particulièrement méconnu, permettra de renouveler le point de vue
critique en retraçant l’évolution des interactions entre artistes et
périodiques et en évaluant la place d'un périodique dans le champ artistique.
Dans le cadre d’une typologie des collaborations au support
périodique, on n’oubliera pas de situer la fonction et les objectifs d’apports
plus marginaux, souvent négligés, telle la confection de culs-de-lampe, de
logos ou de mise en page par des plasticiens pour une revue littéraire ou pour
la presse quotidienne.
- Réseau du périodique et champ artistique :
En considérant qu’une publication périodique repose sur un réseau
social constitué, on s’intéressera au degré d’intégration de l’artiste à ce
réseau : l’échange entre artistes et périodiques est-il direct ? Qui
peut servir d’intermédiaire (écrivain, journaliste, galeriste, etc.) ?
On évoquera les opportunités que peuvent ouvrir ces réseaux. Ceux-ci
communiquent parfois entre revues littéraires (s’adressant à un public
restreint) et périodiques de grande diffusion (songeons à l’exemple de Félix
Vallotton qui profite de contacts établis à La Revue blanche pour
intégrer ultérieurement d’autres revues telles que Le Cri de Paris, L’Assiette
au Beurre, etc.) Les artistes peuvent également user indirectement de leur
réseau de relations pour influencer un journal ou une revue (Félicien Rops,
James Ensor ou Gustave Courbet dictaient à leurs amis critiques, ce qu’ils
devaient écrire dans la presse à leur sujet).
On déterminera enfin le rôle éventuel que l’artiste joue dans la
mise en place du réseau d’un périodique et l’influence de ce réseau sur la
carrière et l’œuvre de l’artiste. Plusieurs artistes ont dirigé des revues à
des fins expérimentales pour leurs développements artistiques (Francis Picabia
et 391 ; Émile Bernard et La Rénovation esthétique).
On cherchera à comprendre en quoi ces collaborations contribuent à structurer
le champ (incidence sur la carrière de l’artiste, instances de légitimation,
position d’avant-garde, constitution de réseaux, d’écoles…)
- Trajectoires et postures d’artistes :
Les causes et conséquences d’une implication dans un périodique
peuvent aussi varier en fonction du moment, dans la carrière de l’artiste, où
elle se produit. L’investissement est-il permanent ou temporaire ? en
début ou en fin de carrière ? On pourra ainsi problématiser le rôle joué
par la revue ou le quotidien dans la trajectoire individuelle : s’agit-il
d’un rôle de catalyseur dans la stratégie et la reconnaissance éventuelle de
l’artiste ? Fournit-il à l’artiste l’occasion de définir son identité
artistique ?
Par ailleurs, si l’on prend l’exemple d’un peintre, le lecteur
d’une revue littéraire ne coïncide pas forcément avec le spectateur d’une
galerie d’art ou d’un salon. Comment inscrire la réception et la recherche d’un
nouveau public dans ces interactions entre œuvre artistique, production écrite
des artistes et collaboration au périodique ?
- Interactions génériques et stylistiques :
Sur le modèle du croisement des matrices littéraire et médiatique
dans la mise en place de poétiques journalistiques au XIXe siècle, tel qu’il a
été établi par Marie-Ève Thérenty (2007), on interrogera la collaboration d’un
artiste à un support périodique dans le cadre d’un système croisé de
médiations. Sa pratique et son œuvre peuvent-elles être influencées par cette
implication dans un périodique ? Comment la contribution à un périodique,
dite « alimentaire », peut-elle déterminer l’œuvre, dite
« noble » ? Le périodique détermine-t-il une prédilection pour
des supports spécifiques dans une pratique artistique ? À l’inverse, quels
bénéfices un artiste peut-il retirer du lieu d’expérience que représente le
périodique ? On interrogera dans cette perspective l’écrit, ainsi que la
relation potentielle de l’image avec celui-ci aux points de vue thématique,
générique, technique et/ou stylistique.
- Détournements artistiques :
Les artistes peuvent récupérer le support périodique dans sa
matérialité ou dans ses modèles matriciels (p. ex. périodicité ou actualité)
dans la pratique même de leur art. À cet égard, on se référera à l’intégration
du support dans l’œuvre d’art (cf. le collagisme dans divers mouvements comme
Dada, le Pop art, Fluxus, etc.) ou à la représentation même de la presse dans
ses sujets de prédilection ou ses modes de consommation (représentations du
lecteur de presse, parodies d’actualités, etc.) On analysera une esthétique
visuelle de l’éphémère et de l’actuel, pensée en interaction avec ce lieu
d’écriture qu’est le périodique.
Les propositions de communications (d’environ 500 mots), en
français ou en anglais, seront envoyées sur une page anonyme, accompagnée d’une
page indépendante reprenant les coordonnées personnelles et une brève
biobibliographie.
Elles devront parvenir à Clément Dessy (cdessy@ulb.ac.be)
et à Clara Sadoun-Édouard (clara.edouard@gmail.com) pour le 1er mars 2013.
Une réponse sera adressée aux auteurs à la fin du mois du mars.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire