mardi 25 mai 2010

PUBLICATION

Nouvelle édition des Œuvres complètes de Molière dans la bibliothèque de la Pléiade (Gallimard).
Dirigée par Georges Forestier et Claude Bourqui avec la collaboration d’Anne Piéjus pour les comédies-ballets.
Textes établis par Edric Caldicott et Alain Riffaud en collaboration avec David Chataigner, Gabriel Conesa, Jacqueline Lichtenstein, Bénédicte Louvat-Molozay, Lise Michel et Laura Naudeix.

Cette nouvelle édition des Œuvres complètes explore ce qui constitue la singularité de Molière, tout en identifiant sa qualité essentielle d’auteur mondain et de chef de troupe, attentif aux attentes de son public et faisant montre d’une capacité d’invention et d’adaptation exceptionnelle. Reconstituant la trajectoire éditoriale de l’œuvre (notamment en faisant le choix de publier les textes dans l’ordre de leur édition), elle s’attache:
- à identifier l’intertextualité foisonnante de l’œuvre, puisque Molière, auteur lettré, et conformément aux traditions théâtrales du temps, puisait à toutes mains dans le répertoire des pièces jouées par la troupe et dans les textes littéraires les plus connus de son temps;
- à inscrire les idées mises en scène dans une tradition intellectuelle lui permettant d’établir une connivence inédite avec son public – celui de la Cour comme celui de la Ville – , mettant ainsi à distance la lecture “biographique” des thématiques convoquées : Molière n’était pas un misogyne trompé par son épouse mais un auteur attentif à la réflexion contemporaine sur le statut des femmes, ni un hypocondriaque en guerre contre les médecins puisqu’il utilisait la médecine, après les difficultés rencontrées par le Tartuffe, comme allégorie de la religion. Ainsi, Molière souscrivait pleinement aux valeurs de modération sceptique et de sagesse du juste milieu héritées de Montaigne et diffusées dans les milieux mondains par La Mothe Le Vayer. Cette intelligence des idées de son public lui permettait de s’inscrire dans un horizon d’attente à la fois bien délimité et extrêmement efficace, puisque ces valeurs qui s’élaboraient alors sont, à bien des égards, encore les nôtres;
- enfin, à montrer sa capacité à inventer de nouvelles formes de représentation: indifférent aux règles de poétique théâtrale, Molière élaborait des stratégies constamment renouvelées de jeu, d’action, de composition, inventant notamment des formes chaque fois différentes de “comédies mêlées” de musique et de danse dans un contexte de mutation des spectacles dramatiques et lyriques.

Par ailleurs, sous la direction de Claude Bourqui est mis en ligne le site Molière 21, qui donne accès à la documentation rassemblée à l’occasion de cette nouvelle édition, dans le cadre du projet CPEM (Corpus Electronique de la Première Modernité: http://www.cepm.paris-sorbonne.fr/>

Il propose alors un type de complémentarité inédit entre ces deux supports :

* l’édition imprimée des Œuvres de Molière, parue dans la Bibliothèque de la Pléiade (Gallimard, 2010), offre à la lecture cursive et à la consultation une édition complète contenant les textes établis, transcrits en graphie moderne, annotés, et interprétés ;
* le site Moliere21 présente des outils d’investigation et d’interprétation de l’œuvre :

- une base de données intertextuelle met en rapport des lieux du texte de Molière avec des textes qui possèdent un pouvoir herméneutique sur le passage en question (sources, textes apparentés, exemplification du registre lexical, imitations par d’autres auteurs, etc.)
- un outil de visualisation comparative permet, pour certaines des pièces, d’évaluer et d’analyser la variabilité des textes dans les éditions originales.

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