Bonjour à tous
Voici l'édito de laure Guilbert pour le dernier atelier des doctorants.
Quel est l’avenir d’un chercheur en danse sur le marché du travail du XXIe siècle ? Quels sont ses possibles s’il veut faire fructifier le socle sur lequel il s’est construit, s’il veut que son travail participe aux enjeux du présent, s’il veut que celui-ci soit producteur de richesses, y compris pécuniaires ? Malgré ses beaux diplômes, ses compétences avérées et ses potentiels certains… un long chemin reste à tracer, à élaborer, pas à pas, les sens en alerte tel un sioux dans une jungle nouvelle. Si ce chemin est à l’image de la vie, avec ses bonheurs, ses aléas et ses temporalités diverses, il reste néanmoins ardu. Car ce jeune sioux à l’affut, quoiqu’animé d’une énergie sans pareille, devra faire preuve plus que quiconque de capacité de travail, de patience, de ténacité, de souplesse, d’esprit d’ouverture et de diplomatie. Pourquoi plus que quiconque ? Car où qu’il aille, il sera un « étranger », un inconnu, un minoritaire… A l’Université, il sait que sa spécialité est encore aussi peu connue que reconnue, à l’exception des cercles d’initiés. Pire, parce qu’elle se situe sur les zones frontières de l’interdisciplinarité, il sait qu’elle peut dérouter, provoquant parfois autant le mépris que le rejet ou la convoitise. Dans le secteur artistique et culturel, il découvrira que personne ne l’attend et que ce sera d’abord à lui – le surdiplômé - de s’adapter aux besoins de la « production » du moment. Il découvrira l’invisibilité de sa spécialité et il lui faudra faire un double travail d’intégration du langage de l’autre et de digestion de son propre langage pour espérer initier un dialogue professionnel où son point de vue de chercheur pourra être pris en compte. Selon les milieux, selon les projets, il rencontrera un accueil, une écoute plus ou moins importants et ne sera jamais à l’abri de l’indifférence. Est-ce à dire que ses chances de faire avancer la recherche en danse dans un parcours professionnel sont ténues ? Non. Mais, comme tout secteur neuf, il s’agit d’une œuvre de longue haleine, à la fois individuelle et collective. La recherche en danse n’a pas encore trouvé sa place en France, contrairement à de nombreux pays. Elle a besoin de soutiens intellectuels, structurels, politiques et financiers. Ce développement ne se fera pas sans une révolution des mentalités, sans qu’un échange constructif s’instaure entre les métiers de la recherche, de l’édition, des arts, de la culture, des sciences et de l’éducation. C’est un pari pionnier, passionnant, dont chacun bénéficierait indéniablement. L’enjeu n’est pas des moindres : réfléchir à la danse comme art et pratique culturelle inscrite dans l’histoire des sociétés. Un champ encore bien vierge qui en appelle aux esprits créatifs. Haut les cœurs, donc !
Laure Guilbert, pour l’aCD
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