Christine Leroy soutiendra sa thèse :
CHAIR ET AFFECTS EN DANSE-THÉÂTRE
Sous la direction du Professeur Jacinto Lageira
mardi 7 Juin 2011 à 9 h 30, Salle J B. Duroselle, Galerie J. B. Dumas
1, rue Victor Cousin, 75005 Paris (entrée par la place de la Sorbonne)
Membres du jury :
Mme le Professeur Françoise Coblence Université de Picardie Jules Verne
Mr le Professeur Claude Jamain Université Charles de Gaulle - Lille 3
Mr le Professeur Bernard Lafargue Université Michel de Montaigne Bordeaux 3
Résumé :
Ce travail se propose d¹explorer la façon dont l¹émotion se transmet du corps d¹un interprète de danse-théâtre à celui du spectateur. Ce dernier vient au théâtre en effet pour y vivre, par procuration, les désirs et les passions de personnages. Ce faisant, il fait l¹épreuve, dans l¹intimité de son vécu corporel, de motions pulsionnelles siennes, comme si l¹émotion interprétée par l¹acteur se transmettait de corps-vécu à corps-vécu. Ce phénomène de contagion affective psycho-physique est désigné par le terme d¹empathie kinesthésique charnelle.
Prenant appui sur le concept de « chair », il s¹agit ici de traverser ses déclinaisons phénoménologiques, psychanalytiques et esthétiques, dans le but de cerner cela même qui échappe à la compréhension rationnelle : la possibilité d¹une épreuve charnelle commune, paradoxalement conditionnée par la séparation corporelle même et le mouvement intentionnel vers Autrui. L'une de nos hypothèses principales consiste ainsi à voir dans l'espace scénique un lieu transitionnel entre images inconscientes de corps où s'opère une fusion affective ex motu.
Accordant une place centrale à la dynamique émotionnelle, la danse-théâtre pousse l'empathie kinesthésique à son paroxysme, mettant en scène avec une violence souvent crue ce qui meut l'humain. Bien plus, elle fait de la scène le lieu de l'inconscient collectif, où le corps de l'interprète interpelle sans cesse le spectateur sur les limites de sa propre épreuve charnelle, au travers d'hybridations et de métamorphoses récurrentes. Dès lors, déplaçant les frontières du corps mu, la danse-théâtre appelle à une remise en question des catégories usuelles de genre, amenant la question de la sexuation de la chair : en ancrant la possibilité d'une empathie dans la chair du sujet spectateur, elle se fait le révélateur de l'origine matricielle de tout affect et propose un voir du monde sur un mode sinon gynocentré, du moins « mammaïque » (Merleau-Ponty).
Mots-clefs :
Chair - empathie kinesthésique - danse-théâtre - image inconsciente du corps - émotion - affect - pulsion - espace transitionnel - féminin - mammaïté
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