lundi 23 mars 2009

DANS "LIBERATION"

Dans Libération:

22 mars 2009
Ils tournent, ils tournent, ils tournent... les
enseignants chercheurs


Ils ont déjà tourné en rond une heure lundi dernier Place de l'Hôtel de Ville à Paris. Et lancé un ultimatum: si d'ici le 23 mars, le gouvernement ne renonce pas à ses réformes dans l'Enseignement et la Recherche, ils se mettront à tourner nuit et jour. Et c'est ce qu'ils s'apprêtent à faire, ce lundi à partir de midi. Ainsi débute la "ronde infinie des obstinés" en place de grève (lire ci-dessous l'appel et l'ultimatum).
"Nous tournerons jour et nuit pour manifester notre obstination. Nous marcherons sans fin car nous n'avons aucune intention de céder" : c'est sans doute l'une des actions les plus originales depuis le début de la mobilisation en janvier.
Elle a été lancée par des enseignants-chercheurs de l'université Paris 8 Saint Denis. Elle a circulé toute la semaine sur la Toile. Et suscité l'enthousiasme. Paris 10 Nanterre a par exemple très vite proposé de prendre en charge des créneaux de "ronde" - deux heures le jour, quatre heures la nuit.
L'objectif est d'être en permanence 30 ou 40 marcheurs - universitaires, étudiants, lycéens, parents d'élèves, passants solidaires -, avec des enseignants à chaque créneau. Il ne s'agit pas d'une manif à proprement parler mais d'une "action lancinante".
Il est ainsi recommandé d'"éviter les initiatives qui mettraient la ronde en déroute: tapage nocture en particulier. La ronde silencieuse est déjà en soi fort impressionnante et permet au passant de venir demander pourquoi nous tournons", indiquent les initiateurs.
Des tracts sont prévus en espagnol, anglais, allemand, car le lieu est très touristique. Il est recommandé d'entraîner des passants dans la ronde. Et de prévoir des chaussures amortissantes, des vêtements de pluie, une protection solaire, etc.
Le mathématicien et romancier Denis Guedj, professeur à Paris 8, a le premier lancé l'idée. Il raconte: "lors d'une discussion, je l'ai proposée comme ça. Mais trois jours plus tard, j'ai vraiment eu envie de le faire. J'en ai reparlé. Ca a été immédiat. Aujourd'hui il y a une nouvelle façon de lutter: les gens font ce qu'ils disent. Je suis d'une génération - celle de 68 - où l'on tchatchait beaucoup. On ne faisait souvent que dire ce que l'on allait faire et rien ne se faisait. Là, on a décidé à midi, et quelques heures plus tard c'était parti."
"On marche. Quelqu'un dit: on change de sens, et on change de sens. Si on veut dire quelque chose, on l'écrit sur une feuille A4. C'est une ronde ouverte à tout le monde, pas seulement aux universitaires. Nous ne sommes pas les seuls à nous sentir agressés par les lois que l'on passe."
"Oui, cela s'inspire des rondes des Mères de la Place de Mai en Argentine. Mais elles, c'était infiniment plus tragique (elles tournaient devant le palais du gouvernement à Buenos Aires pour réclamer des nouvelles de leurs enfants disparus. Durant la "guerre sale", la junte militaire (1976-1981) a fait 30 000 disparus, militants de gauche, associatifs, syndicalistes, étudiants engagés, etc.). C'est une façon de dire que ça nous a enrichis, que leur combat continue à tourner dans nos têtes".

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